jeudi 10 avril 2025
lundi 7 avril 2025
Contes équins
Jorge Chamorro
Claude Pelieu
Traditionnelle séquence collages en ce début de mois. Quatrième année: pas vu le temps passer...
mercredi 2 avril 2025
En vrac (13) étier, ramure et gros sabots
Il est lent Rouge, il est lourd, chacun de ses pas est un exploit. C'est un vieux cheval de trait entravé par de puissants rhumatismes aux antérieurs. L'herbe rase du pré, le ciel blanc sont le décor de sa lointaine solitude. Souvent il se couche pour soulager sa misère, ou plutôt il se laisse tomber sur le flanc, impressionnant, tragique avant l'heure. Là, le soufflet de forge de sa respiration le dispute à ses pets immenses. Car il pète Rouge, à la face du monde qui l'oublie. Des chapelets interminables, à s'en pâmer d'aise.
Face à cette tonne de vie et de courage à qui je viens parfois tendre une carotte, à cet œil qui me fixe et n’aspire qu’à la confiance, mon apréhension du monde se fait beaucoup plus simple et clairvoyante. Il y a chez les animaux quelque chose qui nous surpasse, l’absence d’égo peut-être, et en même temps qui ouvre une piste à travers nos illusions.
*
J'ai rencontré il y a peu le verbe feuiller, qui veut dire se couvrir de, faire ses feuilles. Il est certains verbes qui ont tout de suite quelque chose à dire.
*
L.D - Le vent (pour une lecture de J.P. Abraham)
Une lecture de ce livre il y a vingt ans m'avait laissé dans une sorte de lassitude mêlée à de l'ennui. En tombant sur Le vent aujourd'hui, j'ai senti comme un courant d'air sur mon visage (psycho quand tu nous tient) et je l'ai relu. Est-ce moi qui ai changé (je doute que ce soit le livre!) ou bien ma vision du monde, ça je l'ignore. Toujours est-il que j'ai enfin reçu la balade de Jean-Pierre Abraham comme il se doit. En même temps qu'une leçon de poésie: les mots sont un outil banal, mais leur utilisation requière sagesse et humilité pour décrire ce que l'on ressent en même temps que ce que l'on voit. Pour faire d'eux une caméra du cœur. Un pull en bord de mer.
vendredi 28 mars 2025
C.S.O.
L'ombre a souvent pris son rôle à la légère, mais là elle s'est surpassée. Sauter deux barres d'obstacles posées au sol parmi des traces de sabots, avec pile poil l'empreinte d'un fer sous la semelle il fallait le faire. Et elle l'a fait, bravo.
samedi 22 mars 2025
De vrais airs de faussaire
On se souvient bien sûr de Clémentine Mélois qui par l'humour de ses couvertures* a rendu hommage aux grands de la littérature: Père et gay de Léon Tolstoï, Maudit bic de Melville, ou Les individus en situation de précarité de Victor Hugo pour n'en citer qu'une infime fraction. Il en est une pourtant qu'elle n'avait pas travesti, et c'était lui rendre hommage que de marcher dans ses pas le temps d'un plagiat.
(*) Lis tes ratures.
Aborde-t-on Hiroshima avec les enfants d'aujourd'hui comme on évoquerait un souvenir de vacances, un truc qui a à peine existé?
Comme disait la cousine Francine en découvrant nos dégâts: «Faites chier les mecs.»
mercredi 19 mars 2025
Batraciennes
À la mare, les grenouilles ont pondus leurs œufs, une sorte de boule gélatineuse remplie de lentilles (mexicaines) et flottant entre deux eaux (territoriales.) Je m'y connais moyennement en grenouilles (j'suis pas pépé la reinette) mais je sais qu'ici, même au plus fort de l'été on ne les entendra pas, elles sont du genre taiseuses. Dommage, car c'est sympa les grenouilles qui boucanent le soir, ça donne du charme aux fenêtres ouvertes. Il y a un type, un ziquos un peu fada, qui a tenté de traduire ça en notre langue: retour en enfance garanti.
* Concernant les orientations picturales du peintre, on notera l'ajout du taille-crayon dans ses moyens techniques (mais sait-il seulement s'en servir, s'interrogera l'amateur d'art).
samedi 15 mars 2025
mercredi 12 mars 2025
En vrac (12) Racines, freinage et cigales vertes
C'est un fait, mal justifié, l'humain va de plus en plus vite, s'enivre de vitesse et perd son temps dans des distractions sans cesse renouvelées, tente de supplanter la pensée par l'implacable rigueur des machines, leur confiant au passage ses problèmes de santé qui eux-mêmes génèrent une croissance économique exponentielle étant donné l'existence telle qu'elle jaillit des récents travaux publics de Poinçon et Wattmann d'un dieu personnel quaquaquaqua à barbe blanche quaqua hors du temps et aujourd'hui lorsque "Hou hou" fait le hibou, la lune lui répond "envoie ton 06, chéri."
Mais.
Mais les deux pieds sur le frein et le cœur au soleil.
Dans son coin.
Faire la vaisselle à la main: ça laisse le temps de réfléchir un peu, de respirer, de chantonner, de rêver ou de tailler la discute.
Moudre son café: bonne odeur, bon karma, et puis comme c'est low food on en boit peut-être moins.
Faire son nid. Petit à petit. Sans frénésie. Modestement.
Revenir à ce qu'on a sacrifié au fil du temps: dessiner, marcher, compter les étoiles, revoir la Provence...
"Hou hou" fait le hibou qui s'avère être une chouette. Même qu'avant on la clouait sur la porte des granges pour faire joli.
Pierre Bonnard
Depuis longtemps je photographie le ciel, comme ça pour rien, et d'ailleurs tous les collectionneurs font ça comme ça: pour rien. Il faut dire qu'il est doué le ciel, qu'il vous en fait voir des couleurs et des formes, des profondeurs de ton, des dégradés, allant jusqu'à tracer des lignes droites dans ses bons jours et se renouvelant sans cesse (ah, c'est pas comme ces artistes qui ont trouvé un filon et qui l'exploitent à donf, mais on s'égare.) Bref, le ciel, ça fait des années qu'il remplit d'air mon disque dur, insaisissable, inexploitable. Mais je photographie également la vie des arbres – et l'avis des arbres c'est que nous sommes bien bêtes. Quand je serai vieux comme une écorce j'en ferai un livre. J'ai déjà le titre: Des arbres.
* Des mots extraits de En attendant Godot se sont glissés dans les miens, les bandits.
samedi 8 mars 2025
Les aïeux du collage
Hannah Höch
Georges Hugnet
Sans oublier Jacques Prévert, Max Ernst, Karel Teige, Jindrich Styrsky, Claude Pellieu et bien d'autres.
J'en profite pour souligner que la totalité des collages sélectionnés pour ces séquences sont tous des enfants de la colle et du ciseau, les numériques relevant à mon avis plus du photomontage.
mardi 4 mars 2025
Ready made
Le Ready made, cher à Marcel Duchamp, que l'on traduit par "prêt à l'emploi" ou plus judicieusement par "tout fait," nous met ici en présence d'une big bestiole gisant sur le dos, comme foudroyée par une bombe insecticide surpuissante, et qui semble s'être fossilisée dans son agonie. Un cauchemar dans le quartier.
(Orléans - 2012)
samedi 1 mars 2025
mercredi 26 février 2025
En vrac (11) la vie d'artiste et autres égarements
Le programme du jour: subjonctif et allègements grammaticaux. Où nous trouvons la subordonnée relative contenant une nuance d'intention: il en est peu qui puissent agir ainsi. Ouais, bon, mais lorsque je croise une belle aquarelle, le subjonctif vole en éclats (bon débarras.) Sûr, demain j'arrête l'étude de la syntaxe et je m'y mets. Ou après-demain peut-être. Dans une semaine mais pas plus tard. Du papier spécial. Des poils de marte. De l'eau très pure. Avec un verbe exprimant le doute: il est peu probable qu'il peigne aujourd'hui.
Jane Rosen (merci)
*
Marie-Antoinette s'est fait construire en fond de parc une jolie bergerie au toit de chaume. Lorsque se presse en elle un désir de douceur, elle vient y cajoler ses chères brebis qui portent toutes un nom charmant: Pâquerette, Nuage, Prunelle, Neige, Épinette... Les chemins de la ferme sont d'une telle propreté qu'on y crotte à peine ses escarpins. Dans les pâtures l'herbe est rase et tendre, et les arbres qui les bordent sont des modèles du genre. Plus près de nous la mare ressemble à une peinture de Nicolas Poussin; les canards ont tous un nom charmant... Rien, ici, ne pourrait nuire à l'harmonie du monde. Par contre à la maison, nos brebis à nous n'arrêtent pas d'attraper des tiques. C'est une galère, surtout qu'en cette saison leur toison est à leur épaisseur maximum. De plus, devant la bergerie c'est un vrai bourbier, il va vraiment falloir faire quelque chose. La vraie vie, quoi.
*
Et puis ces deux vers de Rainer Maria Rilke:
Au lieu de s'évader
Ce pays consent à lui-même.
?... ??... !... !!!
Ce serait tellement beau.
vendredi 21 février 2025
vendredi 14 février 2025
Le dernier loup
Au dernier jour du dernier loup de la dernière meute dans la dernière forêt. On va enfin pouvoir manger de l'agneau tous les jours et s'acheter des pulls en plastique – parce que la laine, tout de même, ça gratte et c'est dégueulasse.
samedi 8 février 2025
En vrac (10) Provence, cascades et poésie
Je suis un pessimiste actif. (Jacques Simonomis)
Voilà qui est dit, passons à autre chose.
Tous les clans de la préhistoire étaient tendus vers l'apprivoisement du feu. Ce feu qu'ils ramassaient d'abord comme l'œuf d'une bête absente après l'orage. Un jour, alors qu'un groupe de barbus jouait à la pétanque avec des silex, l'étincelle jaillit à l'occasion d'un splendide carreau. C'était le début d'une longue série chez les tireurs: à force de pétanques, on en vint finalement à installer des centrales dans la vallée du Rhône. Jean Giono* avait bien pressenti la gravité des agissements de l'homo-sapiens: toute son œuvre vise à nous attacher au vivant, à faire de nous des pacifiques gardiens de la nature, abhorrant toutes plumes dehors le côté prédateur de la Genèse.
(*) Nous étions réunis à table, devant un bon plat mijoté avec des olives. Nous accompagnions ce festin rustique d'un côte-du-Rhône bio baptisé la résistance, tandis que m'est venu l'envie de les évoquer, lui et son pote Lucien, dans une Provence devenue idyllique à force d'autoroutes et de quartiers tentaculaires.
*
En avant la musique. Dans le bloc-note du blog (prononcez ça dix fois très vite!) j'ai posté quelques mots du poète maçon Yves Bichet, une posture que j'ai moi-même bien connue. Et puis dans une boîte à livres de village, j'ai trouvé un bouquin très chouette: Le garçon incassable de Florence Seyvos – un jeune casse-cou du nom de Buster Keaton... Voilà pour la littérature.
*
En écrivant j'aperçois par la fenêtre trois ou quatre flocons perdus dans un ciel gris. Une misère. Pas de quoi faire un poème. Je me tourne alors vers le chat qui roupille du sommeil du juste. Un poème sur l'or du silence peut-être...
À propos de Lucien Jacques et pour mémoire, il est l'auteur du fameux poème Credo: Je crois en l'homme cette ordure / je crois en l'homme ce fumier... Si comme moi vous n'avez pas la télé, m'est avis qu'il remplacerait aisément les J.T. en les résumant tous.
Chez nous on aime les baleines, les éléphants, les lions... et le troglodyte mignon (10 grammes!) Mais ça c'est une autre histoire.
mardi 4 février 2025
À nos amours
Gregory Halpern
La règle:
1/ Choisir un thème (selon l'humeur du moment)
2/ Se limiter à deux images (pas facile, hyper frustrant)
3/ Une fois par mois (sauf crise de manque)
samedi 1 février 2025
Les couleurs de la vie
Steven Quinn
Jean-Claude Touzeil
Ivresse de retrouver sa couleur d'origine. Un bleu sans ethnie, sans frontière. (Michel Dunand)
dimanche 26 janvier 2025
Marcher (léger)
Le marcheur connaît la liberté. Il peut choisir ses chemins. (Tomas Espedal)
Thoreau propose une nouvelle économie.
Le principe en est simple. Il ne s'agit plus de se demander ce que rapporte telle ou telle activité, mais ce qu'elle coûte en instants de vie pure. (Frédéric Gros)
Le principe en est simple. Il ne s'agit plus de se demander ce que rapporte telle ou telle activité, mais ce qu'elle coûte en instants de vie pure. (Frédéric Gros)
mardi 21 janvier 2025
En vrac (9) influence et légèreté
Aux arbres, citoyens / formez vos plants, vos scions / plantons / plantons / qu'un chant d'air pur / abreuve nos saisons!
Avouez que c'est tout de même plus sympa, non? Et plus engageant. Mais revenons à la poésie.
Donne ta main j'ai ton avenir, donne... Je l'avais gentiment repoussée d'un sourire, avant que dans mon dos elle n'accoste une autre fortune. Qu'aurait-elle vu dans ma paume ouverte que je ne savais déjà? Qu'aurait-elle, de sa belle divination, saisi d'un avenir que j'avais débarrassé (enfin) de toute attente inutile? Mais je reconnais qu'elle avait de l'allure dans son costume d'espoir, pas plus gitane sans doute que moi astrophysicien.
Donne ta main j'ai ton avenir, donne... Payer pour un joli mensonge, sans être dupe, c'est un peu comme aller à la fête foraine à la recherche une overdose de lumière. Je la revois sur son trottoir, reine basanée de la bonne aventure. Tout compte fait, j'aurais peut-être dû lui tendre une main. L'avenir se mérite.
*
Beat génération: prononcé en anglais, ça sonne classe...
Quelle jeunesse! Que d'espoir en une vie lumineuse dans cette photo à deux sous!
(Allen Ginsberg et Howard Greenberg)
Ne possédant rien
comme mon cœur est léger
comme l'air est frais
ISSA
*
Après avoir percuté la vitre de la porte-fenêtre, le rouge-gorge restait là, sonné sur le paillasson, son petit œil rond fort heureusement bien ouvert. Elle l'a pris délicatement dans ses mains pour le mettre l'abri – du chat entre autre. Ça ne pèse pas lourd un passereau, ça semble fragile et pourtant ça fait des prouesses, comme voler, construire un nid avec son bec, atteindre l'autonomie alimentaire (si vous fait toutes ces choses, alors écrivez-moi.)
À part ça, nous avons encore planté quelques arbres cet hiver.
vendredi 17 janvier 2025
Broutilles
Une sculpture au jardin, mise en valeur par le gel
(il s'agit en fait d'une antenne d'électro-culture, et ne me
demandez pas si ça marche en tout cas c'est très joli. )
lundi 13 janvier 2025
vendredi 10 janvier 2025
En vrac (8) errance et culture pop
Chaussures, bonnet ou casquette c'est selon. Vagabondage d'âge en nage. Mes pas – ou ma tête! – me conduisent le plus souvent vers ces lisières qui séparent le champ du bois, la terre de l'eau, la folie des hommes de la quiétude des milieux naturels. Et seul bien sûr, on ne divague bien qu'avec soi-même, méditant mais en alerte au moindre fait marquant. On peut rester à la lisière, il y a tant à voir, ou bien la traverser.
Sans doute sommes-nous nombreux à éprouver le besoin d'aller là. Ces limites sont rarement franches, et donc d'une grande richesse. Hantées par un sentiment de féralité. Surtout dans le domaine des friches industrielles, des rails abandonnés, des zones non aménagées où des gens courent le dimanche avec leur chien, où des poètes rêvent d'être lu en suçant leur quignon, où des SDF ont passé la nuit à compter les étoiles. Et puis à force, on arrive même à en trouver en pleine ville, de ces lisières. Comme quoi, tout n'est pas pourri au royaume du Danemark.
*
Dernier né d'une série peu fréquentable. J'avoue avoir hésité...
Picabia et Picasso sont sur un bateau. Picabia tombe à l'eau. Le maître nageur s'appelle Michel Ange...
Elle – Dis-moi, Coco, c'est osé ton truc. Limite atteinte aux bonnes mœurs.
Moi – Penses-tu, qui connaît Picabia de nos jours...?
*
Sur mon petit bureau (70x105, pour les intimes) traîne une ancienne carte postale musicale, offerte à l'occasion d'un anniversaire. Il s'agit d'un petit âne qui couine quand on lui appuie sur le flanc. Au dos, une belle écriture manuscrite: Topaze à deux ans. J'en déduis donc qu'à l'époque on pouvait vous fabriquer ça avec une photo personnelle... Que de belles choses avons-nous perdues!
lundi 6 janvier 2025
Récréation (bien méritée)
Pour ce pauvre petit ours à trois pattes
j'ai laissé deux gros poissons
sur une souche. Il les a mangés la nuit
et à l'aube il dormait comme un dieu
appuyé contre la souche
parmi le cœur des oiseaux.
Jim Harrison
jeudi 2 janvier 2025
mercredi 1 janvier 2025
La belle vie
Je vous souhaite une année pleine de culture subventionnée, de la biodiversité à foison, l'avènement de l'intelligence des peuples, l'eau potable partout dans le monde et l'air pur à Mexi-iiiiico.
De la poésie enfin, à chaque coin de rue chaque jour de la semaine!
Saul Leiter
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