vendredi 26 janvier 2024

Une promesse de bonheur


Des milliers, des millions de jeunes américains, bouclant leur sac et prenant la route, escaladant les montagnes pour prier, faisant rire les enfants, réjouissant les vieux, rendant heureuses les jeunes filles, et plus heureuses encore les vieilles, tous transformés en fous du zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés, sans rimes ni raison, pratiquant la bonté, donnant l'image de la liberté par leurs actes imprévus, à tous les hommes et même à tous les êtres vivants...

Jack Kérouac, Les clochards célestes



Trent Davis Baley

        
        Choper des sauterelles
        les fixer vivantes à l'hameçon
        – je m'y habitue

        Gary Snyder

lundi 22 janvier 2024

Smile holder


    C'est en anglais, mais on comprend vite de quoi il s'agit...

mardi 16 janvier 2024

Quelque chose qui tienne ici, Johnny


C’est peut-être ça: un préservatif déroulé accroché au mur et dans lequel on glisse, chaque matin avant l’ouverture, une rose fraîche aussi rouge que possible. C’est peut-être aussi la vie géniale d’un hippopotame amorphe dans son enclos bétonné: une vidéo vide pour étonner un monde vide. C’est peut-être encore une tête d’épingle grossie mille fois, s’accouplant avec une coccinelle géante empallée sur un râteau à foin. Oui mon gars, c’est peut-être ça l’art aujourd’hui : du sexe, de l’ennui, et encore du sexe. 


Maurizio Cattelan

    * Pour une antithèse, on pourra lire ici quelque chose d'étoffé.

dimanche 14 janvier 2024

L'hiver à la bergerie

 
Dans le silence hivernal, gelé, rien n'est plus apaisant ni plus satisfaisant que les brebis attablées au râtelier, mangeant le foin coupé pendant l'été. L'une d'elle tourne vers moi sa jolie tête noire, l'air de dire en mâchonnant: rien n'est plus lumineux ni plus singulier qu'un type qui vous nourrit et qui a l'air heureux.



    * Tête noire: Scottich blackface

jeudi 11 janvier 2024

Des chiots et des hommes

 

Francesca Woodman


Emmet Gowin


* Une nouvelle rubrique dédiée à la photo, à la manière des séquence collages et postée une fois par mois. Merci par avance à tous ces photographes de cœur et de génie.

lundi 8 janvier 2024

Pour ceux qui suivent (et pour les autres aussi)

 
...

        Il me plaît d'imaginer
        (et le plus tôt sera le mieux)
        une prairie cybernétique
        où mammifères et ordinateurs
        vivent ensembles dans une harmonie
        mutuellement programmée
        comme de l'eau pure
        effleurant un ciel serein

        Il me plaît d'imaginer
        (tout de suite s'il vous plaît!)
        une forêt cybernétique
        peuplée de pins et d'électronique
        où le cerf flâne en paix
        au milieu des ordinateurs
        comme s'ils étaient des fleurs
        à boutons rotatifs

        Il me plaît d'imaginer
        (et ça doit arriver!)
        une écologie cybernétique
        où, libérés de nos labeurs
        et retournés à la nature
        auprès de nos frères et sœurs
        mammifères,
        nous sommes tous surveillés
        par des machines d'amour et de grâce.

            Richard Brautigan, Il pleut en amour (trad. Frédéric Lasaygues)
        

jeudi 4 janvier 2024

lundi 1 janvier 2024

Panier d'osier (mes vœux)


Linda Bernhard



Je n’ai pas su remercier mon enfance. Pas assez. Aujourd’hui c’est différent, tout se vend – ce vent – même la joie. Surtout la joie. Aujourd’hui l’enfance ne sort plus dans l’éclat du matin. Elle ne se perd plus dans les bois de sapin, dans la profondeur d’un jardin de curé, dans la neige qui mène aux bêtes, à ce tableau d’hiver entre les chambres. L’enfance a fermé les yeux, bouché son nez et ses oreilles, elle s'est coupée du monde réel. À son insu, l'enfance est devenue – exit l'osier – un panier d’achat sur internet.

À vous je ne souhaite rien de plus pour la nouvelle année que de rester droit dans vos bottes. Mais à l'enfance, qui est sans doute bien seule, je souhaite de retrouvez le chemin de la liberté, de découvrir toute la beauté d'un monde où il fait bon marcher, et d'imaginer comment cela, malgré tout, va pouvoir perdurer. 

"Peut-être un jour danserons-nous sur les ruines du désastre. "