mercredi 12 mars 2025

En vrac (12) Racines, freinage et cigales vertes

 
C'est un fait, mal justifié, l'humain va de plus en plus vite, s'enivre de vitesse et perd son temps dans des distractions sans cesse renouvelées, tente de supplanter la pensée par l'implacable rigueur des machines, leur confiant au passage ses problèmes de santé qui eux-mêmes génèrent une croissance économique exponentielle étant donné l'existence telle qu'elle jaillit des récents travaux publics de Poinçon et Wattmann d'un dieu personnel quaquaquaqua à barbe blanche quaqua hors du temps et aujourd'hui lorsque "Hou hou" fait le hibou, la lune lui répond "envoie ton 06, chéri."
Mais.
Mais les deux pieds sur le frein et le cœur au soleil.
Dans son coin. 
Faire la vaisselle à la main: ça laisse le temps de réfléchir un peu, de respirer, de chantonner, de rêver ou de tailler la discute.
Moudre son café: bonne odeur, bon karma, et puis comme c'est low food on en boit peut-être moins.
Faire son nid. Petit à petit. Sans frénésie. Modestement.
Revenir à ce qu'on a sacrifié au fil du temps: dessiner, marcher, compter les étoiles, revoir la Provence...
"Hou hou" fait le hibou qui s'avère être une chouette. Même qu'avant on la clouait sur la porte des granges pour faire joli.


Pierre Bonnard

Depuis longtemps je photographie le ciel, comme ça pour rien, et d'ailleurs tous les collectionneurs font ça comme ça: pour rien. Il faut dire qu'il est doué le ciel, qu'il vous en fait voir des couleurs et des formes, des profondeurs de ton, des dégradés, allant jusqu'à tracer des lignes droites dans ses bons jours et se renouvelant sans cesse (ah, c'est pas comme ces artistes qui ont trouvé un filon et qui l'exploitent à donf, mais on s'égare.) Bref, le ciel, ça fait des années qu'il remplit d'air mon disque dur, insaisissable, inexploitable. Mais je photographie également la vie des arbres – et l'avis des arbres c'est que nous sommes bien bêtes. Quand je serai vieux comme une écorce j'en ferai un livre. J'ai déjà le titre: Des arbres.

* Des mots extraits de En attendant Godot se sont glissés dans les miens, les bandits.

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