En tant que lecteur libre, j'aimerais pouvoir traverser le ciel sans danger, visiter des impasses que la superbe ignore, me la couler douce au soleil en lisant des types (et des typesses) qui ont vécu ce qu'ils écrivent ou qui font de l'humour une tasse de thé parfumée à la joie de lire.
Lorsque, par inadvertance, j'entre dans une librairie, je sens poindre le tournis, l'absolue indigestion face à tant de propositions, et c'est la migraine assurée (d'autant plus que le chauffage en rajoute avec sa volonté de plaire) et bientôt le sentiment d'étouffer sous cette coulée de livres qui sent son Pompéi. Que fais-ici? me dis-je. Et où donc est la bouée pour naufragés de l'océan Cellulose?
Le livre n'échappe pas à ce constat désolant qu'il y a trop de tout partout. Je ressors les mains vides, étourdi, et plus loin dans l'air humide et salutaire je me demande pourquoi (espèce d'idiot) je cherche moi-même à en rajouter. Mon grillon me suggère qu'il existe un autre monde de l'écriture, qui aurait partie liée avec la sobriété volontaire. Mais ce n'est qu'un grillon, et je ne suis qu'une marionnette, pas même en bois précieux.
Au lycée ce jour-là, le prof de math qui rendait nos copies posa la mienne devant moi, sans un mot, mais avec un sourire de compassion qui m'alla droit au cœur. Je découvris alors ma note, écrite en rouge en haut à gauche: zéro moins l'infini. Irrattrapable donc. Et moi, démasqué par une âme sensible, irrémédiablement classé du côté des rêveurs. La seule question dès lors à se poser: être ailleurs, est-ce que ça pouvait être un métier?
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Autre question et non des moindres: avons-nous perdu l'esprit? Il semblerait que oui. Si vous le retrouvez, vous êtes prié de le rapporter au ministère de la poésie et du jardinage.






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