Nous n'avons rien construit
pourtant
et rien déposé d'autre que du goudron
de grands rubans de plomb, des routes interminable
puis ces oiseaux en bordure
qui veillent sous leurs ailes d'argile
attendant la fatigue d'un convoi au matin.
Nous filons.
Eux luttent, immobiles pour contenir leur âme
pour contenir leur dignité qui s'échappe dans le flux.
Parfois un camion les décoiffe.
Là, ils semblent des vieillards tout à coup
des figures hiératiques et terreuses,
des soldats fatigués, des guetteurs d'un autre âge
avec leur bec
leurs yeux sans cils.
Yves Bichet, Le rêve de Marie (1995)

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