aux brèches, aux failles, aux confins, aux bords,
aux bouts, merci aux parages, aux lisières, aux
rivages, aux percées, aux trouées, aux accès
autorisés, aux entrées libres, aux fleuves sans
barrage, à l’eau qui coule, à toutes les circulations
Dans cette séquence collages, certainement monstrueuse, la nature se rebiffe. Il faut dire qu'on y va fort, fous que nous sommes...
Pour cette séquence collages du mois d'août, la mort pratique le Qi gong et un toubab disparaît...
"La fonction de l'artiste est ainsi fort claire: il doit ouvrir un atelier et y prendre en réparation le monde, par fragments, comme il lui vient". Francis Ponge
Acheté cinquante euros sur le marché de l'occasion, ce vélo roule avec moi – je devrais dire sous moi – depuis quinze ans sur ses mêmes boyaux lisses. Discret, ultra léger, franchement "low tech" aujourd'hui. Je n'en changerais pour rien au monde.
La machinerie bien sûr ne fait pas l'affaire du poème. Le poème, c'est la route. Le silence de la route. Avec ce corps, ce frère toujours en première ligne et qui laisse l'âme vaquer à ses petits dépaysements. La terre promise apparaît souvent à la sortie d'un virage. Elle est là, déjà intime, bienveillante. Qu'importe si le lieu ne nous appartient pas, il résonne, il imprime une idée de paradis.
Par ailleurs, je marche. Qualité de la chaussure. Pieds prunelle de mes cieux. Je marche et tout s'efface. Les hommes? Ils courent dans la vallée. L'air leur coule de la montagne. Et moi, dans les hauteurs, qui souffle comme un yak. Toujours la terre promise.
À la pause, mon nom laissé au dos d'une pierre plate. Infinitésimal. Comme absorbé par la grandeur des lieux. Sous les cris de Jean-le-blanc, carnet, crayon: comme absorbé par la grandeur des lieux. Ça servira peut-être. Ou peut-être pas. Le soleil est un ami.
* Une pensée pour Christian Degoutte, poète es-vélo (Jour de congé, Voyage à vélo à travers le Forez...)
** Tourmalet, pour le célèbre col du Tour, et 21 pour le nombre de vitesse réparties sur trois plateaux. Marque Peugeot, fin des années 80.
"Le land art est colère, rébellion, liberté. Le land art est le sang de la terre nourrie des hommes qui y sont enterrés. Les africains savent cette chose, les celtes aussi, les basques, les bretons, enfin la terre entière le sait. Qui prend le risque de le dire. À nous de sortir des conventions si nous voulons découvrir nos propres codes de fonctionnement, si nous voulons créer en toute sérénité, au sein de la nature."
"Et Dieu leur dit: soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre". (Genèse 1.28)
C'est trois yeux qu'il aura notre enfant, tant nous aurons écarquillé nos yeux sur l'horreur de l'atome – deux nez, entends-tu, tant nous aurons reniflé de charniers.
La mule aura huit pattes pour notre fuite au bout des ossuaires – et si Dieu est juste, il n'aura pas de sexe, notre enfant, pour qu'un jour les oiseaux vivent en paix dans la forêt reverdie.
Pierre della Faille, l'homme inhabitable, 1961