samedi 30 novembre 2024

En vrac (7) monstres et cie


Enfant, je passais toutes mes vacances à la campagne chez mes grands-parents paternels, et j'y ai connu l'hiver avec un mètre de neige et des chemins creusés depuis la route jusqu'aux portes des maisons. Quelques jours avant Noël, la nuit venue les jeunes du village faisaient le tour des foyers déguisés en je ne sais trop quoi, mais en tout cas ils me filaient une peur bleu, atterré que j'étais par la laideur des masques, attendant leur disparition dans les jupes protectrices et moqueuses de ma grand-mère.
Aujourd'hui, les monstres imaginaires me font sourire. Les vrais, ceux à figure humaine, m'attristent et leurs milliards ne valent pas un chant d'oiseau. Oh, laissez-moi encore un peu les monstres de l'hiver, laissez-moi les appeler de tous mes vœux.


Charles Freger


Je note pas mal de trucs dans mes carnets fourre-tout, et je viens de relire ça récemment: "Il semble qu'il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu'on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté." C'est de Milan Kundera

*

Et puis les avions qui clignotent la haut dans la nuit: où vont ces gens, assis dans le confort malgré le vide glacial qui les entourent? Je pissais au pied d'un arbre – un de mes jeunes arbres, avec amour – quand j'ai senti passer une ombre, oiseau de nuit glissant dans le silence ou ange gardien qui sait. Présence au ciel d'hiver d'Orion et de ses deux chiens: ça mon gars, c'est pur bonheur, purs dividendes: patrimoine d'une humanité consciente.

samedi 23 novembre 2024

La mer

 


La mer me manque, telle une amie dont on se serait éloigné. La mer si vieille, si jeune à chaque fois. Les saisons s'efforcent d'effacer cette mélancolie. Le vent parfois m'apporte des nouvelles.

mardi 19 novembre 2024

Lancé


La pêche à la truite  (Hte-Savoie - 2021)

Difficile de faire figure plus simple... et fil plus invisible.

mardi 12 novembre 2024

Conversation


Pas grand-chose aujourd'hui, sinon une photo prise au jardin, lieu propice au calme et à la simplicité. Et comme me disait jadis mon ami Bernard, les yeux rivés sur la route en pull gauchiste: Ne t'inquiète pas, tout va sûrement s'arranger – à quoi je souriais, non pas du lieu commun, mais à cette chaleur irremplaçable que procure l'amitié.



jeudi 7 novembre 2024

Le style

    Mode ou fantaisie: question de tempérament.

Jean-Philippe Charbonnier

 
Hans Silvester

dimanche 3 novembre 2024

En vrac (6) lune, poètes et barbe à papa


Le jour d'après.
D'après mon dernier jour. D'après le vôtre.
Peut-on passer commande? Non bien sûr, sinon j'opterais pour un beau soleil radieux.
Et de l'intelligence coulant du ciel comme une lumière de saint-esprit sur la tête de chaque humain.
Mais le jour d'après sera la continuité du jour d'avant, avec de la tristesse et des tracas autour de mon absence. De la vôtre.
Nous ne verrons pas ce monde heureux. Nous n'aurons pas connu l'école du bonheur, la ville jardin, l'économie du don, ni
        ce jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
        ce jour comme un oiseau sur la plus haute branche.
Merci Louis.
Pourtant les bijoux brillent autour du cou des filles, l'alouette fait du sur-place. Et puis ces quatre vers, pour finir d'espérer:
        C'est un rêve modeste et fou
        Il aurait mieux valu le taire
        Vous me mettrez avec en terre
        Comme une étoile au fond d'un trou.

*

Au lever du soleil, la lune brillait comme la tonsure d'un moine. Marrant, mais ce n'est qu'une comparaison, cette figure de style un cran en dessous de la métaphore qui elle-même n'est pas sans faiblesse. Bon, ne boudons pas la réthorique, cette lune était particulièrement esthétique: rebondie comme la jeunesse d'une fesse...



Parmi ces jours derniers, il y a eu le 29 octobre, date de la mort de Georges Brassens. On peut s'en battre ou trinquer à sa mémoire. À cette époque j'avais une petite amie prénommée Colette. Nous avions appris la nouvelle ensemble, chez ses parents, devant leur télé couleurs. Quelques semaines plus tard Colette me quittait avec conviction: j'étais mauvais garçon, pas très comme il fallait. J'aurai dû, j'aurai pu. Dommage. Colette, si tu me lis (une chance sur un milliard et encore) sache que les couples dans les fêtes foraines de fin d'automne me rendent particulièrement nostalgiques. Avec la neige qui tombe, beaucoup d'ampoules et l'odeur de la barbe à papa, c'est parfait.

* Aragon of course.

vendredi 1 novembre 2024

On peut sourire

 



Sammy Slabbinck


1/ À la mort de Pompidou j'étais en classe de cinquième. Toujours dans la lune, et malade comme un chien dans les Citroën à suspensions hydrauliques (la petite histoire vaut bien la grande.)
2/ Une pensée pour une chatte noire nommée la Callas.