mercredi 11 janvier 2023

Evangile


    Reposant sur le flanc les pattes encordées
    la bête saigne encore
    par ses yeux grands ouverts
    de l'eau de source et des fougères

        chaque hiver elle espère
        le printemps chaque été
        elle redoute l'hiver

    Mais voilà que la mort nous fait signe de nous taire. Car
    la bête a bougé, car la bête se délivre et d'un coup de reins
    solide se redresse et fait front.

    Demain c'était hier, on la verra partout, gracieuse dans un
    sous-bois ou sautant d'un bond la route. Ici pourtant chez les
    chasseurs on se rassure: la chambre froide est collective et de
    marque allemande.


photo Eric Poitevin

Poème ayant déjà fait l'objet d'un billet il y a quelques années.

2 commentaires:

  1. Billet sidérant, avec d'exquis mots glacés...

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  2. J'ai balayé les feuilles mortes / ceux qui passent / ne se rendent compte de rien. (Hosaï)

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