Je crois que le concept d'intelligence artificielle est né alors que l'être humain décidait que réfléchir et être libre s'avérait décidément bien trop fatiguant, et qu'il lui faudrait trouver des moyens de s'en passer, bonheur et confort mental oblige. (Avis d'un non diplômé en sociologie, mais les bras m'en tombent tout de même.)
Raymond Depardon
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Faire part: je suis le père d'une forêt*. Oh, bien sûr ce n'est pas Fontainebleau, ni Tronçais ni Brocéliande, et ça n'a pas la colossité du projet de forêt primaire initiée par F. Hallé. C'est juste un bout de terrain laissé à la faune et flore sauvages, et où s'installe lentement la fameuse succession écologique, phénomène naturel de boisement que nous aidons un peu avec nos petits bras musclés. Cette année, j'y ai planté une trentaine de très jeunes arbres qu'il va falloir arroser plusieurs fois cet été: une dizaine d'espèces. Tendresse pour ces futurs bons vivants, pièges à carbone, régulateurs de pluie et de température – bref je ne ferai pas ici l'apogée des innombrables bienfaits des arbres. Je souhaite seulement que cette fille aux cheveux verts vive longtemps après moi.
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Une histoire qu'un type bienveillant raconta à l'enfant seul que j'étais. C'est Mortimer qui se promène dans la campagne. Au détour d'un chemin, il aperçoit au fond d'un pré une vieille souche qui ressemble à un cheval. Amusé, Mortimer, s'en approche. Et plus il avançe, plus le doute s'empare de lui. Arrivé à quelque pas de l'endroit, il en a la confirmation: ce n'est pas une souche qui ressemble à un cheval, mais un cheval qui ressemble à une vieille souche et qui se dresse à présent péniblement sur ses pattes.
* Si on me donnait
un vaste territoire chauve
je planterais tant
que le jour est long des arbres.
A la fin de ma vie
je serais le père d'une forêt. (Julos Beaucarne)









