mardi 16 décembre 2025

En vrac (23) plan plants, bois et picture spot


Je crois que le concept d'intelligence artificielle est né alors que l'être humain décidait que réfléchir et être libre s'avérait décidément bien trop fatiguant, et qu'il lui faudrait trouver des moyens de s'en passer, bonheur et confort mental oblige. (Avis d'un non diplômé en sociologie, mais les bras m'en tombent tout de même.)

Raymond Depardon


Faire part: je suis le père d'une forêt*. Oh, bien sûr ce n'est pas Fontainebleau, ni Tronçais ni Brocéliande, et ça n'a pas la colossité du projet de forêt primaire initiée par F. Hallé. C'est juste un bout de terrain laissé à la faune et flore sauvages, et où s'installe lentement la fameuse succession écologique, phénomène naturel de boisement que nous aidons un peu avec nos petits bras musclés. Cette année, j'y ai planté une trentaine de très jeunes arbres qu'il va falloir arroser plusieurs fois cet été: une dizaine d'espèces. Tendresse pour ces futurs bons vivants, pièges à carbone, régulateurs de pluie et de température – bref je ne ferai pas ici l'apogée des innombrables bienfaits des arbres. Je souhaite seulement que cette fille aux cheveux verts vive longtemps après moi.

*
Une histoire qu'un type bienveillant raconta à l'enfant seul que j'étais. C'est Mortimer qui se promène dans la campagne. Au détour d'un chemin, il aperçoit au fond d'un pré une vieille souche qui ressemble à un cheval. Amusé, Mortimer, s'en approche. Et plus il avançe, plus le doute s'empare de lui. Arrivé à quelque pas de l'endroit, il en a la confirmation: ce n'est pas une souche qui ressemble à un cheval, mais un cheval qui ressemble à une vieille souche et qui se dresse à présent péniblement sur ses pattes.


* Si on me donnait
  un vaste territoire chauve
  je planterais tant
  que le jour est long des arbres.
  A la fin de ma vie
  je serais le père d'une forêt. (Julos Beaucarne)

jeudi 11 décembre 2025

(Perchés)


    Nous n'avons rien construit
    pourtant
    et rien déposé d'autre que du goudron
    de grands rubans de plomb, des routes interminables

    puis ces oiseaux en bordure
    qui veillent sous leurs ailes d'argile
    attendant la fatigue d'un convoi au matin.
    Nous filons.
    Eux luttent, immobiles pour contenir leur âme
    pour contenir leur dignité qui s'échappe dans le flux.

    Parfois un camion les décoiffe.

    Là, ils semblent des vieillards tout à coup
    des figures hiératiques et terreuses,
    des soldats fatigués, des guetteurs d'un autre âge
    avec leur bec

    leurs yeux sans cils.

            Yves Bichet, Le rêve de Marie (1995)


Dylan Hausthor

dimanche 7 décembre 2025

Histoires sans paroles


Maya Mitten

Merve Özaslan

Ah, on en aura vu des chouettes collages en cinq ans... Les trois dernières années sont encore archivées, qu'on se le dise... (j'adore cette expression qui nous vient des annonces municipales, tambour oblige)

lundi 1 décembre 2025

Autoportraits (4)

 
Jean Dieuzaide

Denis Roche

Quatrième volet de l'investigation...

vendredi 28 novembre 2025

Quelqu'un parle


    Où il est question d'intelligence...

mardi 18 novembre 2025

En vrac (22) gondoles, 雨水 et minis-terre


En tant que lecteur libre, j'aimerais pouvoir traverser le ciel sans danger, visiter des impasses que la superbe ignore, me la couler douce au soleil en lisant des types (et des typesses) qui ont vécu ce qu'ils écrivent ou qui font de l'humour une tasse de thé parfumée à la joie de lire.
Lorsque, par inadvertance, j'entre dans une librairie, je sens poindre le tournis, l'absolue indigestion face à tant de propositions, et c'est la migraine assurée (d'autant plus que le chauffage en rajoute avec sa volonté de plaire) et bientôt le sentiment d'étouffer sous cette coulée de livres qui sent son Pompéi. Que fais-ici? me dis-je. Et où donc est la bouée pour naufragés de l'océan Cellulose?
Le livre n'échappe pas à ce constat désolant qu'il y a trop de tout partout. Je ressors les mains vides, étourdi, et plus loin dans l'air humide et salutaire je me demande pourquoi (espèce d'idiot) je cherche moi-même à en rajouter. Mon grillon me suggère qu'il existe un autre monde de l'écriture, qui aurait partie liée avec la sobriété volontaire. Mais ce n'est qu'un grillon, et je ne suis qu'une marionnette, pas même en bois précieux.




Au lycée ce jour-là, le prof de math qui rendait nos copies posa la mienne devant moi, sans un mot, mais avec un sourire de compassion qui m'alla droit au cœur. Je découvris alors ma note, écrite en rouge en haut à gauche: zéro moins l'infini. Irrattrapable donc. Et moi, démasqué par une âme sensible, irrémédiablement classé du côté des rêveurs. La seule question dès lors à se poser: être ailleurs, est-ce que ça pouvait être un métier?

*

Autre question et non des moindres: avons-nous perdu l'esprit? Il semblerait que oui. Si vous le retrouvez, vous êtes prié de le rapporter au ministère de la poésie et du jardinage.

mercredi 12 novembre 2025

Les petites coïncidences




 "Au vrai nous ne voyageons vraiment qu'à l'intérieur de nous-mêmes. " Yves Leclair

samedi 8 novembre 2025

Solitudes

 
Mariano Peccinetti

Lynn Skordal

J'avoue me sentir parfois plus proche des bêtes que des hommes.