dimanche 27 juillet 2025

En vrac (18) lectures, zef et dragons de jardin


D'accord, qu’ils y aillent sur Mars. Qu’ils partent donc pour le grand vide, vivre sous leurs dômes de fausse félicité. Nous, nous resterons sur la Terre, fouillant les décombres à la recherche d’un ou deux morceaux de joie, de cette fleur inespérée annonçant une erre nouvelle.

Une pensée pour les mouettes manœuvrant dans l’air iodé. Pour leur science du vent, elles qui ne planent jamais plus haut que leur envergure, jamais plus loin que l’horizon marin. Sagesse d'un monde où tout est, déjà, hautement interconnecté.

Un des gros lézards verts du jardin – celui qui a perdu la moitié de sa queue dans une rencontre avec le chat! – me regarde sans bouger. Nous semblons lui et moi apprécier ce moment de silence immobile.
Les animaux me réconfortent. Ils ne vendent rien, n'inventent rien, n'attendent rien de nous. Il nous faudrait sans doute redéfinir le mot bestialité.



*

Est-ce l'âge, ou une certaine forme de soumission au réel? Je lis de moins en moins de cette littérature de fiction que l'on nomme "romans". Que lis-je alors, puisqu'il faut lire pour ne pas finir gâteux? En dehors de Yakari et de Philémon (dans les toilettes au fond du jardin) ma préférence va à la poésie (choisie selon mes goûts) et à des essais (transformés ou non) qui marquent mon ascension dans le monde résolument sérieux de l'intellect.
Bien sûr, je grossis le trait. Il m'arrive de prendre plaisir à lire une histoire. Si elle a quelque chose à me dire. Si elle ouvre sur autre chose qu'une propriété de 70 hectares. Si elle dépose en moi un limon qui rendra mon cœur fertile. Et si elle n'est pas classée au box-office des dix livres à lire ABSOLUMENT pendant votre été.

* A lire ou à relire ce billet citant Thoreau

mercredi 23 juillet 2025

J'aime


Bertrand Sallé


Perrine le Querrec


* Je n'ai pas trouvé de titre générique au billet, alors simplement: j'aime... 

vendredi 18 juillet 2025

Supplément enfants (3)


Marcher
c'est comme
voyager en escargot

on a le temps 
de regarder
de sentir d'écouter

on a le temps
et tout l'espace
dans ses poches
quand on marche



samedi 12 juillet 2025

Couvaison

 
        Qu'est-ce qu'i fait
        Qu'est-ce qu'il a 
        Pourquoi il écrit pas
        Complètement cloitré ce type là
        Complètement gaga
        Et puis sa bignole les gars
        Elle est drôlement blafarde les gars 
        Ça s'passera pas comme ça (bis)

Ben si, j'écris. Même que je réfléchis drôlement. Je rature, certes, je compose, je jette, je réécris, rerature, recompose, met ensemble, défait l'ensemble, cherche un ordre, un désordre, une idée de plan promotionnel (je blague) mais quelle est donc cette passion affleurante, cette colère inopinée, ce grand frisson de papier blanc qui rêve d'origami (direct à la poubelle japonaise) voilà, ah non, c'est pas ça, mais si, bref, oui, bon, ok, mais ça avance, je vous assure que ça avance. A son rythme. A ma main. A mon cœur. Une bibliographie? Rien à battre.




Je vous laisse, j'ai la bétonnière qui tourne.

dimanche 6 juillet 2025

En vrac (17) neurones, plumes et feuilles


Silence dominical, neuf heure, premier café au jardin. Je ferme les yeux pour me concentrer sur le fond sonore: chant du loriot (on dirait que ce gai vaurien siffle une fille) bientôt rejoint par le morse des mésanges, puis le bruit de papier froissé de nos amis les rouge-queue. Une abeille fait le tour de ma tête, passe en stéréo de mon oreille gauche à mon oreille droite. Mais cette bande-son nature est bientôt perturbé par la montée d'un tracteur, suivi de peu par le démarrage de la tondeuse d'un voisin. Disons à cent-cinquante mètres. Ici, tout résonne, à cause du silence justement. Plus tard, ce sera le moteur d'un ULM (vous bricolez un 103 Peugeot avec une toile de tente Trigano et vous obtenez à peu près ça) haut dans le ciel et poussif comme une cigogne asthmatique. Je serai, moi, en train de moudre du café, la porte de la cuisine grande ouverte.

*

Roger Dautais


Je n'aurai jamais rien fait d'autre que sauver le monde en pensée. Et encore, jamais très loin de mon assiette.

*

Pour la minute intelligente, citons Gaston Bachelard:
"Il vient un temps où l'esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit, alors l'instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s'arrête."

On pourra prendre également une minute pour la botanique, avec Francis Hallé:
"L'arbre est un organisme tellement généreux qu'il offre son ombre à ceux qui viennent l'abattre."

jeudi 3 juillet 2025

Autoportraits (3)


Denis Roche

 
Duane Michals, autoportrait en diable


Nous poursuivons l'exploration de l'autoportrait en photographie avec Denis Roche et sa femme Françoise (qui ont inspiré un poème de Autre chose qui compte) et Duane Michals qui ne s'est jamais vraiment pris au sérieux.